Conférence-actualité sur le thème « Emergence des cryptomonnaies : craintes et controverses »
La rencontre s'inscrit dans le cadre de la rentrée académique de la 43e promotion du cycle diplômant du Centre. De manière générale, les conférences-actualité organisées par le COFEB, ont pour objectif de permettre à un public plus large de prendre connaissance de l'évolution des problématiques d'actualité majeures dans les domaines économique, monétaire et financier.
Dans son mot introductif, Monsieur Ousmane SAMBA MAMADOU, Directeur Général du COFEB et modérateur de la rencontre, a affirmé que le choix de ce thème n'est pas fortuit. En effet, la problématique liée aux cryptomonnaies intéresse aujourd'hui une pluralité d'acteurs au point de susciter d'intenses débats non seulement au niveau des médias mais également dans les milieux académiques et les banques centrales.
Soulignant le fait que certains observateurs dont l'ONU pensent que l'Afrique sera le nouveau continent de Bitcoin et des cryptomonnaies, le Directeur Général du COFEB a lancé le débat à travers un certain nombre d'interrogations que se posent aussi bien le public profane que le monde de la finance. Il a par la suite invité le conférencier à éclairer la lanterne des participants sur les enjeux, les risques et défis que représentent les cryptomonnaies aussi bien pour les banques centrales que pour l'ensemble du système bancaire et financier, ainsi que le lien existant entre la technologie de la « blockchain » et les cryptoactifs.
Dans son exposé, le conférencier a dans une démarche pédagogique amené le public à mieux appréhender la problématique, les fondements ainsi que les utilisations des cryptomonnaies. Il a indiqué qu'elles ne remplissent qu'imparfaitement les trois (03) fonctions de la monnaie à savoir : l'unité de compte, l'intermédiaire des échanges et la réserve de valeur. Toutefois, les cryptomonnaies restent une monnaie et s'inscrivent dans la logique de la concurrence entre les monnaies. Et donc elles remettent quelque part en question le monopole dévolu aux banques centrales.
Selon le professeur RUIMY, les cryptomonnaies ne représentent pas un risque majeur pour le moment. En effet, les risques sur la stabilité financière associés à l'usage et à la spéculation sur les cryptoactifs ne sont actuellement pas un enjeu majeur du fait de la faible importance des interconnexions avec la sphère réelle. Il y a tout de même des risques potentiels : le risque de blanchiment de capitaux, le risque de liquidité, le risque de contrefaçon, le risque de financement du terrorisme.
Pour toutes ces raisons, le Professeur RUIMY invite les banques centrales à rester vigilantes. Non pas en refusant ces monnaies, parce qu'elles sont déjà dans un processus irréversible, mais en ayant une stratégie pour les accueillir et les canaliser de sorte qu'elles respectent un certain nombre de principes. Il s'agira de faire en sorte que le risque ne soit pas un risque systémique pour les banques. Il faut rester prudent sans être fermé, a-t-il indiqué, insistant sur le fait que les Banques centrales doivent jouer un rôle de veille.
Cette conférence-actualité a permis aux participants de non seulement échanger sur le lien existant entre la technologie de la « blockchain » et les cryptoactifs, d'aborder au cours des échanges, les points relatifs à l'impact de ces supports virtuels sur l’économie réelle, à la dualité entre les actifs réels et les actifs virtuels, à la volatilité de leur taux de change ainsi que la question de leur régulation. En somme, elle a offert l'opportunité aux participants de comprendre davantage les enjeux, les risques et défis que représentent les cryptomonnaies, aussi bien pour les banques centrales que pour l'ensemble du système bancaire et financier.
Cette conférence a connu un succès international au regard de l’intérêt du thème et de la notoriété du COFEB en matière de formation sur toutes les questions qui font l'actualité et qui préoccupent l'avenir des états membres et de l’Afrique en général. La conférence a enregistré la participation, des représentants de banques centrales francophones africaines (BEAC, BCRG, Bank Al Maghrib, Mauritanie, Tunisie, Algérie, Djibouti,et Madagascar, ), des banques commerciales de l’Afrique de l'ouest, des établissements de monnaies électroniques, les Auditeurs des 42e et 43e promotion du COFEB, les chercheurs et Universitaires de la sous-région ainsi que des agents de la BCEAO et du Secrétariat Général de la Commission Bancaire de l'UMOA.